Comprendre la pauvreté et ses enjeux est essentiel pour saisir l’ampleur de ce défi mondial. En explorant ses causes, ses dimensions économiques et sociales, ainsi que ses conséquences, il est plus facile d’identifier les actions nécessaires pour construire un monde plus équitable. L’Ordre de Malte est présent dans 120 pays dans le monde pour y contribuer et œuvrer au service des plus démunis.
Qu’est-ce que la pauvreté ?
Définitions classiques de la pauvreté
D’un point de vue économique, la pauvreté peut se définir par un manque de revenus et de ressources qui empêche un individu ou une communauté de satisfaire ses besoins fondamentaux, tels que l’alimentation, le logement, la santé ou l’éducation. La pauvreté est dite :
- “absolue”, lorsque ces ressources sont insuffisantes pour assurer la survie de base,
- “relative”, en référence au niveau de vie moyen dans une société donnée, c’est-à-dire le montant pour lequel la moitié des individus touche moins et l’autre moitié davantage.
En France métropolitaine par exemple, on retient généralement un seuil à 60 % du niveau de vie médian (des seuils à 40, 50 et 70 % pouvant aussi être diffusés).
Mais au-delà de l’aspect économique, la pauvreté comprend également des dimensions sociales, éducatives et psychologiques et peut engendrer divers phénomènes comme l’exclusion sociale, le mal-logement, le décrochage scolaire.
L’évolution du concept de pauvreté
Durant l’Antiquité et le Moyen Âge, la pauvreté était largement acceptée comme une réalité sociale inévitable, liée aux conditions de vie précaires et aux inégalités de statut. À cette époque, la pauvreté était surtout synonyme d’un manque de biens matériels essentiels.
Avec la révolution industrielle et la transformation rapide des économies, l’évidence du lien entre la pauvreté et le travail a pu être mise en lumière. Le concept de pauvreté monétaire s’est alors développé, se focalisant sur le manque de revenu nécessaire pour répondre aux besoins de base. Des seuils de pauvreté ont commencé à être définis pour établir un niveau minimum de revenus.
À partir des années 1960, le concept de pauvreté relative a commencé à être introduit, montrant que la pauvreté n’était pas seulement un manque de moyens de subsistance, mais également une privation de ressources par rapport aux normes de vie dominantes dans une société. Cette approche a permis de reconnaître que les individus peuvent être considérés comme pauvres s’ils sont exclus de certains modes de vie et de participation sociale, même si leurs besoins essentiels sont satisfaits. La pauvreté relative prend alors en compte le contexte et les inégalités internes à une société.
Puis, dans les années 1990, le concept de pauvreté a été enrichi par des approches multidimensionnelles. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a par exemple développé des indicateurs de pauvreté humaine intégrant des facteurs non monétaires, tels que l’accès à l’éducation, à la santé et à un logement décent. Amartya Sen, prix Nobel d’économie, a contribué à cette évolution en introduisant la notion de “capabilités”, c’est-à-dire les possibilités réelles dont disposent les individus pour atteindre une vie épanouie.
La vision de la pauvreté comme responsable de l’exclusion sociale est ensuite devenue dominante. La prise en compte progressive de la pauvreté subjective a aussi permis d’intégrer la perception des individus sur leur propre situation économique et sur leur bien-être.
Aujourd’hui, le concept de pauvreté est étroitement lié aux questions de développement durable et de justice sociale. La lutte contre la pauvreté est devenue une priorité mondiale et est intégrée aux objectifs de réduction des inégalités, d’accès à l’éducation, de santé, et de protection de l’environnement. La pauvreté est désormais reconnue comme un problème systémique, interdépendant avec d’autres enjeux globaux, nécessitant des solutions à long terme pour briser le cycle de pauvreté.
La pauvreté en chiffres
Statistiques mondiales sur la pauvreté
Les seuils de pauvreté utilisés par la Banque Mondiale sont de 2,15, 3,65 et 6,85 dollars de pouvoir d’achat par jour (soit environ 60, 100 et 190 euros par mois). Ce sont des seuils dits « absolus », les pays plus riches mesurant le plus souvent la pauvreté en se référant au niveau de vie médian.
Près de 700 millions de personnes (soit 8,5 % de la population mondiale) vivraient aujourd’hui avec moins de 2,15 dollars par jour, montant retenu pour évaluer l’extrême pauvreté. Selon l’Observatoire des inégalités, ce sont les pays fragiles à faible croissance économique qui sont le plus concernés, principalement en Afrique subsaharienne.
44 % de la population mondiale vivrait avec moins de 6,85 dollars par jour.
En France métropolitaine et selon les chiffres retenus par l’INSEE en 2022, 9,1 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté monétaire, élevant le taux de pauvreté à 14,4 %. Le seuil de pauvreté à 60 % correspond alors à un revenu disponible inférieur de 1 216 euros pour une personne vivant seule, de 1 825 euros pour un couple sans enfant et de 2 554 euros pour un couple avec deux enfants âgés de moins de 14 ans.
Quels sont les facteurs aggravants de la pauvreté
Le chômage et la précarité de l’emploi
Les chômeurs font partie des personnes les plus touchées par la pauvreté monétaire. Selon l’INSEE en 2022, le taux de pauvreté atteint les 35,3 % pour cette catégorie. Parmi les personnes en emploi, les travailleurs indépendants sont ensuite les plus vulnérables (18,3 %), le taux de pauvreté chez les salariés étant de 6,1 %.
L’éducation et son impact sur la pauvreté
L’éducation fait partie des leviers les plus puissants pour sortir de la pauvreté. En effet, elle facilite une meilleure insertion sur le marché du travail et conduit à des revenus plus élevés. Cependant, l’accès à l’éducation demeure inégal à travers le monde. Selon l’UNESCO, le nombre d’enfants non scolarisés a augmenté de 6 millions depuis 2021 et s’élève aujourd’hui à 250 millions.
Les inégalités en matière d’éducation affectent particulièrement les filles (122 millions de filles dans le monde ne sont pas scolarisées selon l’UNESCO en 2023), les enfants de familles pauvres et ceux vivant dans des zones rurales. Ces populations sont souvent défavorisées dès l’enfance, ce qui limite leurs perspectives d’avenir. De même, dans les pays développés, les jeunes issus de familles modestes rencontrent plus de difficultés à accéder aux études supérieures, et sont plus sujets à rester en situation de pauvreté. Selon l’Observatoire des inégalités, plus du tiers des étudiants sont des enfants de cadres supérieurs et seulement 12 % ont des parents ouvriers. Les jeunes de milieu populaire sont rarement présents en master, en doctorat ou dans les filières sélectives.
Quelles sont les conséquences directes de la pauvreté ?
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L’impact sur la santé physique et mentale
Les personnes vivant dans la pauvreté ont une espérance de vie plus courte et une santé plus fragile. Selon l’INSEE, en 2022, les hommes les plus modestes vivent en moyenne jusqu’à 71,7 ans, contre 84,4 pour les plus aisés ; les femmes les plus pauvres jusqu’à 80 ans, contre 88,3 pour les plus riches.
Le manque d’accès à des soins de qualité, à une alimentation saine et à un logement décent peut exposer à de nombreuses maladies. Par exemple, selon le Ministère de la Santé, les plus modestes de la population française développent plus souvent une maladie chronique que les 10 % les plus riches.
Sur le plan mental, la pauvreté peut aussi générer du stress, de l’anxiété et des troubles dépressifs, affectant ainsi le bien-être psychologique des individus.
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L’accès limité aux services essentiels
À l’échelle mondiale, les personnes les plus pauvres ont souvent un accès restreint aux services essentiels comme l’éducation, la justice, la culture et les transports. Certains pays ou certaines zones les plus modestes manquent généralement d’écoles, d’hôpitaux et d’infrastructures, ce qui limite les possibilités d’amélioration de la qualité de vie.
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La marginalisation et l’exclusion sociale
La pauvreté peut couper certains individus de nombreuses activités, comme les loisirs, la culture ou même les interactions sociales, renforçant un sentiment d’isolement. Les stigmates liés à la pauvreté augmentent également la discrimination et les inégalités, ce qui réduit encore davantage les chances des personnes pauvres de s’intégrer pleinement dans la société.
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La transmission intergénérationnelle de la pauvreté
La pauvreté se transmet souvent d’une génération à l’autre. Les enfants qui grandissent dans des familles pauvres ont moins d’opportunités d’éducation et de développement personnel. Ils sont donc plus susceptibles de reproduire les mêmes difficultés à l’âge adulte.
Selon une étude de France Stratégie sur la transmission intergénérationnelle de la pauvreté publiée en 2024, un peu moins d’une personne sur quatre ayant connu la précarité à l’adolescence est pauvre à l’âge adulte, contre une sur dix pour celles ne l’ayant pas connue.
Les biens et les dons recueillis par la Fondation Française de l’Ordre de Malte permettent de contribuer efficacement aux actions et aux projets conduits en faveur des plus pauvres. Par exemple, en juin 2023, elle a permis l’ouverture du centre de soins Sainte Fleur à Bordeaux, un centre ouvert aux personnes en situation de grande précarité et dont l’accès aux soins est difficile. Les bénévoles y soignent les populations les plus précaires afin de les réintégrer dans le système de santé.
Parmi les nombreux projets qu’elle finance, la Fondation Française de l’Ordre de Malte a notamment permis le lancement des Food trucks solidaires en Île-de-France, adressés aux étudiants, jeunes travailleurs, familles et personnes âgées démunies.
La Fondation Française de l’Ordre de Malte est aussi très active à l’international, comme en Afrique où elle accompagne le fonctionnement et les actions de nombreux centres de santé, de maternités et d’hôpitaux. Elle contribue également à endiguer des endémies et à intervenir d’urgence en cas de catastrophes naturelles ou de conflits armés.
De l’accès aux soins à l’achat de médicaments, en passant par les programmes hospitaliers et de recherche, la générosité de ses bienfaiteurs permet de venir en aide aux plus démunis à travers le monde, sans distinction d’origine et de religion. Vous souhaitez soutenir les actions de la Fondation Française de l’Ordre de Malte ? Vous avez la possibilité de faire un don !
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