La précarité est un défi majeur qui concerne de plus en plus de personnes en France.Enracinée dans des facteurs économiques, sociaux et politiques, elle soulève des problématiques complexes liées à l’inégalité et à la vulnérabilité. L’Ordre de Malte se mobilise en France pour apporter son aide aux personnes précaires à travers des actions sanitaires et sociales d’ampleur.
Qu’est-ce que la précarité ?
Définition au sens général de la précarité
La précarité est un état d’instabilité et d’insécurité qui affecte des personnes dans différents aspects de leur vie, les empêchant de mener une existence sereine, stable et digne.
Ce concept se caractérise principalement par des conditions de vie incertaines, notamment en matière d’emploi, de logement et d’accès aux ressources essentielles. Mais, il ne se limite pas qu’à la notion de pauvreté. En effet, une personne peut se trouver dans une situation de précarité sans être en situation de pauvreté monétaire. La précarité se manifeste donc par une exposition accrue aux incertitudes, qu’elles soient d’ordre financier, social ou sanitaire.
Quelles sont les différentes formes de précarité ?
Précarité économique
La précarité économique désigne l’instabilité et l’insécurité financière qui empêchent une personne de mener une vie décente et de satisfaire ses besoins essentiels. Elle se traduit principalement par des revenus et des conditions de travail instables. La précarité économique peut, par exemple, concerner les personnes travaillant en intérim, en contrat saisonnier, en contrat à temps partiel subi ou en situation de chômage partiel, ainsi que les travailleurs indépendants dont les revenus sont irréguliers.
La précarité économique rend difficile l’accès à des crédits, à un logement stable et peut limiter l’accès à des soins de qualité.
Précarité sociale
La précarité sociale touche les personnes dont le parcours de vie a souvent été difficile, à la suite de difficultés économiques, professionnelles ou affectives, et qui se retrouvent malgré elles en marge des structures sociales. La précarité sociale se manifeste alors par une forme d’isolement et une exclusion progressive des réseaux de soutien et des services publics. L’accès aux services sociaux, aux aides financières ou à l’assistance pour l’insertion professionnelle devient de plus en plus compliqué.
Les personnes et familles en précarité sociale ont du mal à assumer leurs responsabilités élémentaires au quotidien et à jouir de leurs droits fondamentaux. Cette situation est particulièrement dangereuse, car ces personnes manquent d’un soutien pourtant essentiel dans les moments de difficulté.
L’isolement social peut entraîner une perte de confiance en soi et peut parfois provoquer ou aggraver des problèmes de santé.
Précarité du logement
La précarité du logement désigne la difficulté à accéder à un logement stable, sain et adapté aux besoins des personnes. Les personnes concernées vivent généralement dans des conditions insalubres, dans des logements surpeuplés et sont souvent menacées d’expulsion. La précarité du logement concerne également les personnes sans domicile fixe, vivant dans des hébergements temporaires ou dans la rue.
La précarité du logement est un problème majeur dans les grandes villes où les prix de l’immobilier augmentent, excluant les ménages à faibles revenus du marché. Elle peut aussi toucher les familles qui peinent à couvrir les charges locatives, les loyers ou les frais de chauffage.
L’absence de logement stable compromet la stabilité émotionnelle, l’accès à l’éducation pour les enfants, et complique l’accès à l’emploi pour les adultes.
Comment se mesure la précarité ?
Les indicateurs de précarité
La précarité des individus se mesure à l’aide de plusieurs indicateurs qui permettent d’estimer l’instabilité et l’insécurité auxquelles ils sont confrontés.
- Le taux de pauvreté monétaire : c’est le pourcentage de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, défini comme 60 % du revenu médian national en France. Il est aujourd’hui défini à 1 216 euros par mois selon l’INSEE.
- Le taux de chômage : il représente la proportion de la population active sans emploi et en recherche active. Le chômage de longue durée (plus de 12 mois sans emploi) est aussi un indicateur clé de la précarité, car il démontre une difficulté accrue de réinsertion sur le marché du travail.
- Le taux d’emploi précaire : il permet de mesurer la proportion de personnes travaillant en contrats temporaires tels que les CDD, les contrats d’intérim, les contrats saisonniers, les emplois à temps partiel non choisis, souvent moins bien rémunérés et avec moins de protections sociales.
- Le taux de travailleurs pauvres : certains travailleurs gagnent un revenu inférieur au seuil de pauvreté, souvent en raison de la précarité de leur emploi.
- Le nombre de bénéficiaires de minimas sociaux : cet indicateur inclut les allocations comme le Revenu de Solidarité Active (RSA), l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) ou encore l’Allocation de Solidarité Spécifique (ASS).
- L’indice de pauvreté en conditions de vie : il permet de mesurer une pauvreté qui correspond à l’image de la pauvreté communément admise, à savoir l’exclusion de pratiques et de consommations de base. Il évalue les privations ou le renoncement à certains biens de consommation, services ou équipements, pour des raisons financières.
- L’état du mal-logement : il est généralement établi chaque année et permet de faire le point sur le nombre de personnes vivant dans des logements insalubres, précaires ou surpeuplés, ainsi que les personnes sans domicile fixe.
- L’accès aux soins : les difficultés à accéder aux soins (coûts trop élevés, manque de couverture maladie, renoncement aux soins pour raisons financières) sont des indicateurs importants de la précarité.
- Les difficultés d’éducation et de formation : les indicateurs de décrochage scolaire, la part de non diplômés ou de personnes ayant des difficultés à accéder à des formations professionnelles sont également des signes de précarité.
- Le taux de surendettement : mesuré par la Banque de France, cet indicateur prend en compte le nombre de dossiers de surendettement déposés.
Les statistiques sur la précarité en France
Selon l’INSEE, en 2023, 13,1 % de la population en France métropolitaine vivant dans un logement ordinaire se trouve en situation de privation matérielle et sociale. Pour des raisons financières, ces personnes ne sont pas en mesure de subvenir à leurs besoins sur au moins cinq sur treize éléments de la vie courante, comme le chauffage ou l’achat de vêtements neufs.
En 2022, 9,1 millions de Français (hors communautés et DOM) vivent sous le seuil de pauvreté monétaire (1 216 euros par mois pour une personne seule). Le taux de pauvreté est de 14,4 %. La France se situe au 14ᵉ rang des pays avec les taux de pauvreté les plus faibles, devant l’Italie ou l’Espagne, dont les taux sont respectivement de 18,9 % et de 20,2 %.
La pauvreté s’est aggravée ces dernières années, en partie à cause de la baisse des revenus et des aides en 2022, mais surtout en raison de l’inflation. Le coût de l’alimentation a encore augmenté de 7 % en 2023 et les prix de l’énergie de 23 %.
Les plus concernés par la pauvreté sont les jeunes adultes entre 18 et 29 ans. En effet, environ 50 % des étudiants vivent avec moins de 400 euros par mois.
Les femmes font également partie des personnes les plus touchées.
Les conséquences de la précarité
La précarité impacte les individus et la société. Elle a des conséquences directes sur la santé, le bien-être et la qualité de vie des personnes touchées.
- Les conséquences économiques : la précarité freine la consommation des ménages, affectant l’économie locale et entraînant une réduction des investissements à long terme, notamment dans les secteurs du logement et de l’éducation. À grande échelle, cette instabilité peut engendrer une réduction de la croissance économique.
- Les conséquences sociales et psychologiques : la précarité accentue l’isolement social et le stress chez les personnes en difficulté. Elle peut favoriser l’apparition de troubles de la santé mentale, tels que la dépression ou l’anxiété. Les personnes en situation de précarité sociale souffrent souvent d’une exclusion progressive, aggravant leurs difficultés d’insertion professionnelle et sociale.
- Les conséquences sur l’éducation et l’emploi : la précarité a également des effets négatifs sur l’éducation des enfants, qui grandissent dans des environnements instables et souvent défavorisés. Les jeunes en situation de précarité rencontrent davantage de difficultés à poursuivre leurs études ou à trouver un emploi stable, ce qui alimente le cycle de la pauvreté.
- Les conséquences sur la santé : les personnes en situation de précarité ont souvent un accès limité aux soins de santé, ce qui peut empêcher le diagnostic précoce de maladies et contribuer au mauvais traitement de pathologies déjà déclarées. Par ailleurs, la précarité du logement et la précarité énergétique exposent aussi les personnes à des risques de maladies respiratoires.
Depuis sa création en 1992, la Fondation Française de l’Ordre de Malte s’engage activement pour lutter contre la précarité en France, en finançant des actions pour aider les plus fragiles sur le plan sanitaire et social. Elle accompagne notamment le fonctionnement de plusieurs accueils Malte à Toulon, Mulhouse, Nice et d’un centre de soins à Bordeaux, pour les plus précaires.
Parmi aussi ses nombreux projets, la Fondation Française de l’Ordre de Malte apporte son aide à l’antenne de SOS Futures Mamans à Pontarlier, une association qui accompagne les mamans ou futures mamans en situation de précarité en leur offrant une écoute, un soutien financier et matériel. Elle soutient également la Maison des Familles de Rouen, un lieu d’accueil, d’échange et d’écoute pour les familles fragilisées de la métropole.
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