La Fondation a une mission de protection et de sauvegarde du patrimoine culturel et historique de l’Ordre de Malte. C’est ainsi qu’elle a accepté d’apporter un financement à la Société des amis du musée de la Légion d’honneur pour l’acquisition de précieuses décorations témoignant de l’empreinte historique de l’Ordre en France. Interview croisée du Conservateur du musée, Anne de Chefdebien et du Président de la Société des amis du musée, Dominique Henneresse.
Pouvez-vous présenter en quelques mots l’histoire du musée national de la Légion d’honneur et des ordres de Chevalerie ?
Anne de Chefdebien : En 1925, le général Dubail, alors grand chancelier de la Légion d’honneur, crée le musée afin de rendre hommage à la gloire des Français et des étrangers éprouvés par la Grande Guerre. Installé dans une aile de l’Hôtel de Salm, construit à la fin du XVIIIe siècle et devenu le siège de la Légion d’honneur en 1804, le musée présente une collection unique de décorations couvrant mille ans d’histoire à travers le monde. Par sa triple dimension historique, artistique et sociologique, il s’adresse aussi bien au grand public qu’aux passionnés de phaléristique (science auxiliaire de l’histoire qui a pour objet l’étude des ordres, décorations et médailles).
A travers 7 espaces distincts, le visiteur découvre en effet l’histoire, la richesse et la diversité des ordres et décorations, depuis leur apparition à l’époque des Croisades jusqu’à nos jours. Il va aussi à la rencontre de destins humains dont le mérite, le courage et le talent, matérialisés par les insignes qu’ils ont reçus, jalonnent le parcours, incarnant les valeurs attachées à chacune de ces institutions.
Quelle est la place de l’Ordre de Malte dans le musée ?
Anne de Chefdebien : Le premier espace du musée est consacré aux ordres chevaleresques religieux et militaires, qui sont la première étape de la mise en place des ordres dans notre histoire à l’époque des croisades et dont l’Ordre de Malte est un parfait exemple.
Nos collections illustrant cet ordre ont été en grande partie constituées grâce à la générosité du bailli de Pierredon lors de la création du musée et un espace spécifique dédié à l’Ordre de Malte a toujours existé dans le parcours. La croix blanche à huit pointes de Malte a servi de modèle à la plupart des ordres européens à partir du XVI° siècle et les statuts de l’ordre royal du Saint-Esprit précisent que l’insigne aura la forme « d’une croix de Malte ».
Dominique Henneresse : Le nom même d’Ordre Militaire Souverain Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem de Rhodes et de Malte évoque l’ancienneté exceptionnelle de cet ordre religieux et militaire. Il trouve donc naturellement sa place au début du parcours du musée, où une salle lui est consacrée aux côtés de l’ordre du Saint-Sépulcre. De nombreux souvenirs y sont réunis : collier d’un ancien grand maître, tableaux, décorations de tous types depuis le XVIe siècle, etc.
Quelles sont les précieuses décorations dont la Fondation a financé l’acquisition ?
Anne de Chefdebien : Depuis 2021 la Fondation Française vient en aide au musée, par l’intermédiaire de sa Société des amis du musée de la Légion d’honneur afin d’enrichir ses collections par des acquisitions ciblées. Ainsi en 2021, a été financé l’achat d’un pendentif de l’ordre du Saint-Esprit, ayant appartenu à Louis-François de Chamillart, marquis de la Suze (1751-1833), reçu chevalier en 1825 à l’occasion du sacre de Charles X. L’insigne statutaire des chevaliers était une croix et l’usage de ces médaillons reste une exception apparue au XVIIIe siècle. Le bijou porte en son centre à l’avers et au revers, la fameuse croix blanche dérivée de Malte et spécifique à l’ordre du Saint-Esprit.
En 2022 c’est une croix de chapitre de Saint-Denis qui a pu être financée. Cet insigne de fonction datant du XIXe siècle, prend aussi la forme de la célèbre croix de Malte. Il vient compléter la collection de croix de chapitre exposée dans la salle des ordres royaux.
Dominique Henneresse : Par leur générosité, les mécènes du musée ou de sa Société des amis contribuent au rayonnement du musée et à l’enrichissement de ses collections. La Fondation Française de l’Ordre de Malte est l’un d’entre eux. Sa fidélité permet à la Société des amis du musée de répondre présente à chaque sollicitation de la conservation.
En quoi la préservation et la mise en valeur de trésors patrimoniaux dont est garant le musée sont-elles essentielles ?
Anne de Chefdebien : Le musée a pour mission essentielle de faire rayonner nos ordres nationaux ainsi que le principe même des ordres et décorations dans le monde. Être toujours plus attractif, complet et vivant est donc pour lui indispensable.
Le musée a bénéficié en 2008 du dépôt d’une très importante collection : la collection de l’ambassadeur Antonio Benedetto Spada, pour une durée de 20 ans. De très nombreuses œuvres exceptionnelles sont venues compléter le parcours muséographique, en particulier dans la salle des ordres étrangers et de Malte.
Afin de préserver son prestige le musée s’attache aujourd’hui à sanctuariser par des acquisitions ciblées certains des insignes qui lui ont été confiés dans une démarche patrimoniale pour laquelle il doit faire appel au mécénat.
Dominique Henneresse : Ce musée qui recèle des trésors exceptionnels, souvent véritables œuvres d’art, raconte l’histoire de notre pays. Il témoigne des valeurs portées par les décorations : honneur, mérite, civisme. Il est aussi et surtout la mémoire vivante des hommes et des femmes qui les ont reçues, reflet d’épopées historiques et d’aventures humaines. Il constitue enfin une leçon vivante d’éducation civique pour tous publics.
La Fondation apporte son soutien à la sauvegarde et la protection du patrimoine historique et culturel chrétien ou lié à l’Ordre de Malte.