La lèpre touche plus de 210 000 nouvelles personnes dans le monde chaque année dont beaucoup développeront à terme une infirmité lourde faute de traitement précoce. Dans ce combat essentiel, la Fondation Française de l’Ordre de Malte accompagne les actions de l’association Ordre de Malte France comme le centre Arafat, au cœur de Nouakchott, capitale de la Mauritanie, qui prend en charge les soins des malades. Interview de Karl de Mandat Grancey, Ambassadeur de l’Ordre souverain de Malte en Mauritanie.
La lèpre a été oubliée par les grands acteurs et pourtant elle est encore d’actualité. Qu’en est-il en Mauritanie ?
La lèpre est une maladie qui frappe les populations les plus démunies dans des lieux où les conditions de vie sont très précaires, souvent en zone tropicale ou équatoriale. Ce n’est pas le cas en Mauritanie, située en cœur de zone sahélienne, si bien que, dans ce pays, cette maladie est en voie de régression. Il y a environ deux ans, on notait entre 5 et 40 nouveaux cas chaque année. L’OMS qui distribue facilement le traitement contre la lèpre, la polychimiothérapie, par l’intermédiaire de l’intervention du «coordinateur lèpre», conjugué aux efforts de la Fondation Raoul Follereau, de l’association Ordre Malte France, et l’amélioration des conditions de vie des nomades, expliquent cette régression.
Quelles en sont les premières victimes ? Quelles séquelles la lèpre entraîne-t-elle, quel est l’impact sur la vie des malades ?
La lèpre s’adresse aussi bien aux jeunes qu’aux plus âgés, mais la grande majorité des cas rencontrés sont d’âge mûr. La grave problématique de cette maladie, ce sont les séquelles qu’elle entraine avec de redoutables complications : perte partielle ou totale de la sensibilité et de la motricité, et développement de plaies qui vont jusqu’à la putréfaction de tout ou partie du membre. Il est clair que la lèpre est un frein à l’insertion des lépreux dans la vie active, que ce soit en raison du handicap que du caractère honteux de la maladie qui a tendance à les isoler.
Comment le centre Arafat soutenu par l’association Ordre de Malte France aide-t-il les malades au quotidien ?
En 2020, le dispensaire Arafat a effectué 80 consultations spécialisées sur la lèpre et les brûlures. 900 pansements dont 200 curetages d’ulcères plantaires d’origine lépreuse ont été réalisés, ainsi que 20 pansements de brûlés.
C’est ici aussi que le chirurgien de l’Ordre de Malte France, le Professeur Francis Chaise, spécialiste de la chirurgie réparatrice de la main et des membres et référent mondial de l’Ordre pour ce qui concerne le traitement chirurgical des séquelles de la lèpre, intervient. Certains malades guéris, ont été opérés à plusieurs reprises par ses soins.
Qu’a permis de réaliser le soutien de la Fondation ?
Nous avons été amenés à reconstruire et totalement réhabiliter et équiper un petit centre de léprologie dans l’enceinte de la zone de soins Arafat. Notre intention était, ici, de pouvoir y assurer le renouvellement des pansements des plaies en post opératoire. Ce centre a été mis à notre disposition par le Ministère de la Santé, ainsi qu’un infirmier, formé par les soins de l’association au Centre Hospitalier de l’Ordre de Malte de Dakar.
Le financement a été en partie assuré par la Fondation Française de l’Ordre de Malte, de concert avec la fondation Raoul Follereau. La Fondation Française de l’Ordre de Malte, que je remercie tout particulièrement, assure également le financement de son fonctionnement. C’est une grande satisfaction, pour nous, de voir le logo de l’Ordre figurer sur ce centre maintenant ouvert également au renouvellement des pansements des grands brûlés, à la demande du ministère. Nous sommes très reconnaissants à la Fondation Française de l’Ordre de Malte et souhaitons vivement qu’elle nous accompagne dans la durée.
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