Lèpre : causes et prévention

Maladie très ancienne, la lèpre n’a toujours pas été éradiquée à ce jourElle touche plus de 210 000 nouvelles personnes dans le monde chaque année qui peuvent développer une infirmité lourde faute de traitement précoce et subir une exclusion sociale.La lèpre frappe surtout les populations les plus démunies dans des lieux où les conditions de vie sont très précaires, souvent en zone tropicale ou équatoriale.

Quelles sont les causes de la lèpre ?

La lèpre est une maladie infectieuse chronique dont la bactérie est le bacille « Mycobacterium leprae ». Cette bactérie comprend un type de molécule appelée le phénolglycolipide (PGL), également présent chez la bactérie responsable de la tuberculose « Mycobacterium tuberculosis »et celle responsable de l’ulcère de Buruli « Mycobacterium ulcerans ». Elle se transmet par des gouttelettes d’origine nasale lors de contacts étroits et répétés avec une personne infectée comme des embrassades ou des poignées de main. La lèpre n’est donc pas très contagieuse mais la période d’incubation de la maladie peut être très longue puisqu’elle est de 5 ans en moyenne et les symptômes peuvent parfois n’apparaître qu’au bout de 20 ans. La personne peut alors être infectée sans le savoir. La lèpre touche indifféremment les hommes, les femmes et les enfants.
La lutte contre la lèpre est comme le Sida, présente en particulier dans les pays les plus pauvres car les soins et le dépistage sont plus difficiles d’accès.

La maladie peut entraîner des lésions progressives et permanentes de la peau, des nerfs, des membres et des yeux voire une cécité. En cas de complications les plus graves, le malade a aussi une perte des sens du toucher, de la douleur et de la température. Les personnes atteintes peuvent se brûler, se couper ou se blesser sans avoir de sensations. Des lésions répétitives entraînent en outre une perte des orteils. Il arrive qu’une faiblesse musculaire engendre des déformations avec des lésions parfois très visibles de la peau et de la muqueuse nasale.
Défigurés, les malades subissent alors la honte et la discrimination même lorsqu’ils sont guéris. L’exclusion sociale est une véritable souffrance pour les lépreux jusqu’à la perte de leur emploi ce qui les plonge dans une plus grande précarité.

Cause de la lèpre

©MamadouSySavane

Comment prévenir la lèpre ?

La lèpre étant une maladie transmissible, il faut éviter tout contact physique étroit avec une personne atteinte pendant une longue période. Le malade doit porter un masque pour couvrir le nez et la bouche car la maladie se transmet par des gouttelettes en suspension dans l’air. Une fois que la personne est guérie, il n’est plus nécessaire de maintenir une distance physique.
L’hygiène est également essentiel dans la prévention de la lèpre. Il convient de se laver régulièrement avec de l’eau propre et du savon et de surveiller particulièrement l’hygiène des enfants. Il est préférable de nettoyer très régulièrement son habitation, changer les draps, les nattes, secouer les tissus, et ouvrir les fenêtres. Une bonne alimentation est par ailleurs recommandée car en se nourrissant correctement et en quantités suffisantes, le système immunitaire est renforcé et sait mieux se défendre contre les bactéries.
Certains symptômes alertent et appellent à la vigilance comme des tâches blanchâtres ou rose pâle sur la peau. Elles ne transpirent pas contrairement au reste de la peau et sont insensibles.

Si le dépistage de la lèpre est réalisé suffisamment tôt, il est possible d’éviter des atteintes graves de la peau ou des lésions nerveuses entraînant des infirmités permanentes. Le diagnostic de la lèpre se fait à travers différents examens cliniques comme paracliniques. En laboratoire, il s’agit d’un examen bactériologique effectué après prélèvement cutané (visage, muqueuse nasale, lobe de l’oreille, etc.), à des fins d’analyse.Après grattage ou écouvillonnage nasal, un test PCR est pratiqué pour déterminer la présence du bacille de la lèpre chez le patient.Un test de sérologie ou la recherche d’anticorps antiglycolipide phénolique PGL-1 est possible mais moins utilisé en pratique. Et la biopsie nerveuse, biopsie cutanée, permet de déterminer la forme de la maladie.

Quelles actions pour lutter contre la lèpre ?

En 2019, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 202 256 nouveaux cas de lèpre ont été enregistrés dans le monde selon les chiffres officiels de 161 pays. Lutter contre la lèpre reste à ce jour un problème majeur dans 14 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. En 2015, 3 pays regroupaient 80% des nouveaux cas mondiaux : Inde (60%), Brésil (13%), Indonésie (8%) mais la lèpre reste endémique dans de nombreux autres pays comme l’Angola, Madagascar, la République Centrafricaine, Tanzanie, le Mozambique.
L’OMS a lancé une Stratégie mondiale contre la lèpre 2016-2020 pour renforcer les efforts de lutte contre la lèpre en particulier chez les enfants touchés par la maladie dans les pays concernés. Cette stratégie a été poursuivie en 2021 avec la Stratégie mondiale de lutte contre la lèpre 2021-2030 « Vers zéro lèpre ».

Depuis 1981, le protocole de traitement préconisé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est une polychimiothérapie (PCT) composée de 3 antibiotiques. Ce traitement est fourni gratuitement par l’OMS aux pays déclarant des cas de lèpre. Il est administré dès l’apparition des premiers signes de la maladie, il stoppe la contagion et évite les atteintes nerveuses, paralysies et mutilations.
Depuis le déploiement du protocole, près de 16 millions de lépreux ont reçu un traitement. La lèpre a été éliminée dans 108 des 122 pays où elle était considérée par l’OMS comme un problème de santé publique.

A l’Institut Pasteur, leur unité d’Immunobiologie de l’infection se consacre plus particulièrement à l’interaction du bacille de la lèpre avec les cellules du système immunitaire humain.Des tests de diagnostic et des outils épidémiologiques sont effectués dans l’Unité de Génétique Moléculaire Bactérienne de l’Institut. La difficulté est bien le temps long d’incubation, les malades sont porteurs de la lèpre sans le savoir et la transmettent à leur entourage.

L’Ordre de Malte est un acteur historique de la lutte contre la lèpre. Il intervient ainsi dans 11 pays touchés par la maladie via des actions de dépistage et de soins, de traitement chirurgical des séquelles, de réhabilitation et réinsertion, et de formation du personnel soignant. La Fondation Française de l’Ordre de Malte a notamment soutenu des programmes au Mozambique, en Mauritanie, au Congo, à Tahiti et au Laos.
En France, la Fondation est intervenue en première ligne en finançant la relance de l’activité de léprologie de l’Hôpital Saint Louis à Paris sur deux registres : la formation des personnels médicaux et la mise en place de nouvelles techniques de soins et de recherche pour rester à l’avant-garde dans la qualité des soins et l’amélioration des connaissances.

Malgré l’existence d’un traitement, la lèpre touche encore beaucoup de personnes dans le monde faute d’un dépistage suffisant. L’Ordre de Malte continue de se mobiliser pour accompagner les malades et favoriser leur réinsertion sociale dans les pays particulièrement touchés par la maladie.

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