Depuis 2022, la Fondation Française de l’Ordre de Malte apporte son soutien à l’antenne Toulon La Beaucaire de l’association Le Rocher. Les familles de ce quartier défavorisé de la ville bénéficient de l’accompagnement des bénévoles comme Luc et Caroline, responsables de l’antenne venus avec leurs enfants pour vivre avec les habitants. Ils témoignent de leur engagement et des actions menées avec l’appui renouvelé de la Fondation en 2025.

Luc, Caroline, pourquoi avez-vous souhaité vous engager ensemble dans cette mission au service des plus précaires ? En quoi est-ce un engagement familial ?
La cité de la Beaucaire, à l’ouest de Toulon, est un lieu marqué par les fragilités : difficultés financières, isolement, emprise du trafic, barrière de la langue ou décrochage scolaire. Nous y vivons en famille depuis septembre, aux côtés et au service des habitants.
Avant de venir au Rocher, nous menions une vie confortable à Nantes. Notre quotidien ne répondait pas à notre aspiration profonde, celle d’agir pour une société plus fraternelle. Une société où chacun prend soin des autres, en premier lieu des plus fragiles. Depuis notre rencontre, nous évoquions notre désir de nous engager plus pleinement. Moi Caroline, j’étais déléguée artistique d’un orchestre symphonique, attendais cela depuis 10 ans. Moi, Luc, j’étais plus partagé : chaque matin, je rejoignais ma start-up en questionnant le sens de son travail. Mais chaque soir, je rentrais satisfait : les missions étaient stimulantes et les collègues très sympas.
Un jour, un couple nous a raconté son quotidien au Rocher. Caroline a été marquée par leur engagement, total et sans prétention. J’ai réalisé que mon parcours professionnel atrophiait notre désir de nous engager. Le lendemain, nous postulions pour vivre en cité. C’est un engagement en famille, car nous vivons dans la cité avec Jeanne (8 ans), Benoît (5ans) Clara (3 ans) et Colette (1 an). Cela nous permet de vivre avec les habitants, qui sont d’abord nos voisins. En sortant de l’entre-soi, nous ouvrons aussi nos enfants à un regard différent.
Quelles actions mettez-vous en œuvre au quotidien dans la cité avec le soutien de la Fondation Française de l’Ordre de Malte ?
La Fondation Française de l’Ordre de Malte est le premier financeur privé de notre antenne. Sa fidélité nous est précieuse et finance le cœur de notre action : le soutien aux familles. Nous nous tournons en priorité vers les familles qui ont le plus besoin de notre aide : barrière de la langue, famille monoparentale. Certaines accumulent les difficultés, nous veillons à leur proposer un appui le plus complet possible. Nous offrons des moments dédiés aux mamans. Le vendredi matin, elles viennent avec leurs bébés : le Rocher se transforme en espace « cocooning », la parole peut se libérer. Nous aidons les enfants, par l’accompagnement à la scolarité mais aussi par le jeu (scoutisme adapté, animations de rue). Nous donnons des cours de français aux parents pour qu’ils puissent à leur tour mieux aider leurs enfants.
La Fondation nous permet aussi de partir en séjour avec des familles. Cet hiver, nous avons emmené deux familles à Barcelonnette, leur offrant un bol d’air bien mérité.
Quelles valeurs souhaitez-vous partager avec les habitants que vous accompagnez ? Comment s’incarnent-elles dans vos missions ?
Nous sommes très touchés par le principe d’accueil inconditionnel, qui repose sur trois piliers :
Une disponibilité d’abord de chaque instant. Tous les jours, vers 16h30, Sabri arrive à l’antenne, avec son handicap mental…et sa joie de vivre. Nous apprenons à interrompre nos réunions pour prendre le temps de l’accueillir…et de le laisser gagner au baby-foot.
La bienveillance ensuite, qui permet aux habitants de venir au Rocher tels qu’ils sont, avec leurs drames et leurs fragilités. Ils le savent, ils ne seront jamais jugés. Pour beaucoup d’habitants, le Rocher est la première épaule à qui se confier.
Et l’écoute, qui nous invite à d’abord accueillir et consoler. Quand des habitants nous partagent leurs fardeaux, ils ont d’abord besoin d’être écoutés. Alors seulement, nous chercherons des solutions.
Le Rocher s’est construit avec le désir d’oser la rencontre et de choisir l’espérance. Cette espérance touche beaucoup les habitants. Sonia, mère célibataire et grande amie du Rocher, nous le confiait récemment : tant que le Rocher sera là, l’espoir d’une vie meilleure continue.
Que retirez-vous de cette expérience unique ?
Notre quotidien au Rocher est simple et nous goûtons la joie profonde de se donner : servir un café, écouter une personne blessée, animer une balle au prisonnier.
Alors oui, nous sommes marqués par ces fardeaux qui nous sont confiés. Oui, nous sommes interpellés par les obstacles que rencontrent les habitants des cités. Cela nous engage et nous sommes déterminés à accompagner ces habitants si marqués.
Nous n’avons pas de baguette magique pour transformer notre cité, mais nous avons un cœur pour écouter et des bras pour consoler. Et cela peut tous nous inspirer. Car si nous ne sommes pas tous amenés à vivre en cité…nous sommes tous appelés à aimer !
Nous remercions la Fondation…et ses généreux donateurs, sans qui tout cela ne serait pas.

La Fondation Française de l’Ordre de Malte accompagne des actions de proximité ou des associations qui répondent aux besoins réels des personnes en difficulté.