Condition de la femme en Afrique : comprendre les enjeux et agir 

La condition des femmes en Afrique comprend des réalités diverses sur un continent traversé par des dynamiques historiques, culturelles, sociales et économiques très contrastées. Cependant, malgré cette diversité, certaines problématiques récurrentes sont inhérentes à l’ensemble du continent : les discriminations systémiques, la précarité économique, le manque d’accès à l’éducation et aux soins, les violences basées sur le genre, et l’exclusion des sphères de décision politique et économique.

Agir efficacement en faveur de la condition des femmes en Afrique nécessite une approche à la fois globale et locale qui tienne compte des spécificités culturelles tout en affirmant des principes universels de dignité, d’égalité et de justice. Les femmes africaines sont confrontées à de nombreux défis notamment sanitaires. Donner la vie représente encore un danger pour elle et leurs bébés.

condition de la femme en Afrique
©OrdreDeMalteFrance

La Fondation Française de l’Ordre de Malte, en intervenant dans des secteurs comme la santé maternelle, la formation médicale ou encore le développement local, s’inscrit dans cette démarche d’action concrète. Elle soutient financièrement 17 centres de santé au Bénin, Cameroun et en Mauritanie qui portent une attention particulière à la mère et à l’enfant avec des programmes de Protection Maternelle et Infantile (PMI) permettant une prise en charge prénatale et des accouchements ainsi qu’un suivi particulier pour les femmes et leurs enfants.

Quelle est la condition des femmes en Afrique aujourd’hui ?

La condition des femmes en Afrique aujourd’hui reste marquée par de profondes inégalités bien que des progrès notables aient été réalisés au cours des dernières décennies. Dans de nombreux pays, les femmes restent confrontées à des discriminations dès leur plus jeune âge concernant l’éducation, ou n’ont pas un accès suffisant aux soins de base.

Selon l’UNESCO, près de 60 % des femmes adultes en Afrique subsaharienne sont analphabètes, contre environ 40 % des hommes. L’accès aux soins est limité, en particulier dans les zones rurales. Les femmes ont souvent peu ou pas de contrôle sur leur corps et leur santé reproductive, les grossesses précoces sont encore très fréquentes.

Par ailleurs, les femmes représentent une grande partie de la force de travail informelle mais elles ne bénéficient que rarement de revenus stables. Dans les zones rurales, une femme sur trois vit dans une extrême précarité.

Toutefois, cette condition n’est pas figée. Des évolutions sont en cours, portées notamment par les efforts conjoints d’acteurs locaux, de gouvernements, d’ONG internationales et de fondations comme la Fondation Française de l’Ordre de Malte. Investir dans la santé et l’éducation des femmes permet non seulement de les aider, mais aussi leurs familles, leurs communautés.

Inégalités persistantes en matière d’éducation, de santé et de droits

Les inégalités qui touchent les femmes africaines en matière d’éducation, de santé et de droits fondamentaux demeurent une réalité quotidienne. Ces inégalités sont structurelles, c’est-à-dire qu’elles sont intégrées aux systèmes sociaux, juridiques et économiques, rendant leur élimination complexe mais nécessaire.

Dans le domaine de l’éducation, l’écart entre les filles et les garçons reste important, surtout au niveau secondaire et supérieur. Dans certaines régions, les filles sont retirées de l’école pour être mariées jeunes ou pour travailler, ce qui compromet leur développement intellectuel, économique et personnel. L’éducation des filles est pourtant un levier déterminant pour briser le cycle de la pauvreté.

En matière de santé, les femmes rencontrent de nombreux obstacles pour accéder à des soins de qualité, notamment en ce qui concerne la santé sexuelle et reproductive. Le manque de centres de santé, la faible densité de personnel médical, les tabous culturels et les coûts liés aux soins freinent leur prise en charge. Beaucoup de femmes accouchent encore sans assistance médicale, exposées à des risques élevés.

Les droits fondamentaux, comme le droit à l’héritage, à la terre, à la protection contre les violences, ne sont pas toujours appliqués. Dans plusieurs pays d’Afrique, les femmes n’ont pas le même accès que les hommes aux ressources économiques ou à la justice.

Des situations contrastées selon les régions et les contextes culturels

La condition féminine en Afrique ne peut être généralisée tant elle varie en fonction des régions, des pays, des classes sociales et des traditions locales. Il existe des contrastes marqués entre, par exemple, les femmes des zones urbaines et celles des zones rurales, entre les femmes de certains pays du Maghreb et celles d’Afrique centrale, ou encore entre les femmes issues de minorités ethniques et les autres.

Dans certains pays, les femmes ont gagné des droits importants et accèdent aux sphères de pouvoir comme au Rwanda, où elles occupent plus de 60 % des sièges au parlement. L’enseignement secondaire féminin est par ailleurs en croissance. Restent dans nombre de pays, des normes patriarcales rigides : les femmes sont considérées comme mineures juridiques, dépendent d’un tuteur masculin, et n’ont pas droit à la parole dans la vie publique.

Les coutumes locales, les systèmes de croyance, la religion, les politiques nationales et le niveau de développement économique sont autant de facteurs qui influencent la place des femmes. C’est pourquoi, il est essentiel que les actions menées par les ONG et fondations respectent et comprennent ces spécificités, sans imposer des modèles extérieurs.

Quels sont les principaux défis auxquels les femmes africaines sont confrontées ?

Les défis auxquels les femmes africaines sont confrontées sont à la fois multiples, systémiques et interconnectés. L’un des premiers est l’absence d’égalité dans l’accès à l’éducation. Bien que des pays aient amélioré les taux de scolarisation, les filles restent plus susceptibles d’abandonner l’école que les garçons, notamment en raison des mariages précoces, des grossesses adolescentes ou de la pression domestique.

Un autre défi majeur en Afrique est l’accès inégal aux soins de santé, en particulier en matière de santé reproductive. Souvent, les femmes ne peuvent consulter un professionnel que très tardivement, voire jamais. Cela a des conséquences dramatiques, notamment lors des accouchements ou en cas de complications gynécologiques.

Le poids des traditions patriarcales pouvant être renforcé par des systèmes juridiques discriminatoires, constitue également un obstacle fondamental. Les femmes ne peuvent pas toujours avoir un héritage, ni posséder de terre, ni gérer librement leurs biens. À cela s’ajoutent les violences de genre : violences conjugales, mutilations génitales féminines, agressions sexuelles, harcèlement.

Les femmes africaines doivent en outre faire face à la précarité économique. Même si elles représentent plus de 60 % de la main-d’œuvre agricole, elles n’ont souvent ni contrat de travail, ni sécurité sociale, ni accès au crédit.

La Fondation Française de l’Ordre de Malte en soutenant des programmes de santé en faveur de la protection de la mère et l’enfant s’efforce de réduire les inégalités d’accès aux soins. Elle accompagne le développement du dispositif de la « stratégie avancée » portée par l’hôpital d’Elavagnon au Togo. Les soignants se rendent dans les zones isolées de la région pour informer, sensibiliser, dépister, diagnostiquer et, si besoin, orienter certaines personnes vers l’hôpital pour une meilleure prise en charge.

Mariages précoces, violences, précarité économique (224 mots)

Les mariages précoces restent l’une des formes les plus préoccupantes d’atteinte aux droits des filles en Afrique. Selon l’UNICEF, plus de 125 millions de filles africaines ont été mariées avant 18 ans, parfois dès 12 ou 13 ans. Ces mariages les privent d’éducation, les exposent à des grossesses précoces à haut risque, et les enferment dans un cycle de dépendance économique.

Les violences basées sur le genre sont également largement répandues. Elles vont des violences domestiques aux mutilations génitales féminines, encore pratiquées dans plusieurs pays malgré les interdictions légales. Les femmes victimes de violences ont rarement accès à des services de protection ou à la justice, notamment en raison du poids des normes culturelles et du manque d’infrastructures adaptées.

Quant à la précarité économique, elle touche une majorité de femmes africaines, surtout celles vivant en milieu rural. Beaucoup dépendent de petits commerces ou de l’agriculture de subsistance pour survivre, sans accès à des filets de sécurité ou au crédit.

Accès limité aux soins et à l’autonomie financière

L’accès limité aux soins et à l’autonomie financière est à la fois une cause et une conséquence des inégalités de genre en Afrique. L’exclusion des femmes du système de santé par manque de structures, de moyens financiers ou à cause de normes sociales restrictives, nuit à leur bien-être et à leur capacité à participer pleinement à la société. Leur faible autonomie financière limite leur pouvoir de décision, y compris en matière de santé.

Dans de nombreuses régions, les femmes ne peuvent consulter un médecin ou aller dans une maternité que si un homme de la famille les y autorise ou les accompagne. Par ailleurs, la rareté des structures médicales dans les zones rurales aggrave encore cette inégalité d’accès.
La Fondation Française de l’Ordre de Malte s’engage depuis sa création à offrir des soins de qualité aux femmes et aux enfants dans de nombreux pays d’Afrique comme le Cameroun, Bénin, Sénégal, au Burkina-Faso, Gabon. Elle poursuit activement sa mission hospitalière au service des populations les plus démunies.

Des femmes africaines actrices du changement

Les femmes africaines sont aujourd’hui au cœur du changement social, économique et politique de leurs pays. Malgré les obstacles, elles développent des initiatives puissantes et innovantes dans les domaines de la santé, de l’éducation, l’agriculture, l’entrepreneuriat et même dans la gouvernance.

Emerge une nouvelle génération de femmes leaders dans tous les secteurs : des médecins qui ouvrent des cliniques rurales, des enseignantes qui militent pour l’éducation des filles, des entrepreneures qui créent des coopératives agricoles, ou encore des militantes qui défendent les droits humains face aux traditions oppressives.

Ces femmes changent les normes sociales en montrant l’exemple, en brisant les tabous, en créant des espaces de dialogue et d’émancipation pour d’autres. Leur action est d’autant plus puissante qu’elle s’appuie souvent sur des réseaux communautaires solides et sur une compréhension fine des réalités locales.

Initiatives locales portées par des femmes engagées

Les initiatives locales portées par des femmes sont aujourd’hui l’un des piliers du développement durable en Afrique. Dans de nombreux contextes, ce sont les femmes elles-mêmes qui prennent l’initiative de créer des structures de soutien, de soins, d’éducation ou de formation adaptées aux besoins de leurs communautés.

Par exemple, dans certaines zones rurales, des sage-femmes ont ouvert des dispensaires mobiles faute de structures de santé proches. D’autres femmes montent des projets d’éducation sanitaire, de sensibilisation contre les mutilations génitales ou de lutte contre les violences conjugales. En milieu urbain, certaines créent des coopératives artisanales ou agricoles pour assurer leur indépendance économique.

Ces initiatives locales ont un double avantage : elles sont ancrées dans le tissu communautaire et adaptées culturellement, ce qui favorise leur acceptation et leur efficacité. Elles montrent que les femmes ne sont pas seulement des bénéficiaires d’aide, mais aussi des actrices compétentes du développement.

Rôle clé des femmes dans la stabilité sociale et le développement

Les femmes jouent un rôle fondamental dans la stabilité sociale et le développement durable dans un grand nombre de pays d’Afrique. Au quotidien, elles assurent la cohésion des familles, l’éducation des enfants, la gestion des ressources. Lors des crises, conflits armés, pandémies, catastrophes naturelles, les femmes assurent la résilience des communautés.

L’ONU estime que l’autonomisation des femmes pourrait faire croître le PIB africain de plusieurs milliards de dollars. Une femme instruite a plus de chances d’assurer une éducation à ses enfants et de participer à la vie économique. Le progrès des femmes est donc directement corrélé au progrès des sociétés.

Les femmes sont aussi des actrices clés de la paix. Dans plusieurs pays africains, des femmes ont joué un rôle essentiel dans les processus de réconciliation, la prévention des conflits ou la reconstruction post-crise.

L’action de la Fondation de l’Ordre de Malte en faveur des femmes en Afrique

La Fondation Française de l’Ordre de Malte accompagne des actions financières concrètes et ciblées pour améliorer la condition sanitaire des femmes en Afrique, en particulier dans les domaines de la santé maternelle, de la formation médicale et du soutien communautaire. Elle agit dans une logique de solidarité, de proximité et de dignité. Elle participe financièrement à la construction et la rénovation de maternités.

L’appui de la Fondation à des structures locales favorise l’accès aux soins prénataux, des accouchements sécurisés, dépistages et des services de santé reproductive. Elle valorise leur place dans la chaîne de soins.

Il convient d’avoir une écoute attentive des besoins du terrain, un partenariat avec les acteurs locaux et une volonté d’agir dans la durée. La Fondation Française de l’Ordre de Malte en soutenant des projets médicaux dans des pays comme le Togo, agit concrètement pour la défense de la dignité humaine. Elle finance des structures de soins, des distributions alimentaires, des programmes de soutien psychologique ou de réinsertion. Elle contribue à faire entendre la voix des plus vulnérables dans les enceintes internationales.

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