Depuis sa création en 1981, l’Ordre de Malte France gère l’hôpital d’Elavagnon au Togo et permet ainsi aux populations d’avoir accès à des niveaux de soins adaptés dans une région rurale. L’hôpital étant confronté à un manque de personnel médical, la Fondation Française de l’Ordre de Malte apporte son soutien en 2022 à la création d’un internat pour former de nouveaux internes. Interview d’Eric Deroo, ambassadeur de l’Ordre souverain de Malte au Togo.
L’Ordre de Malte France accompagne huit centres au Togo et gère un hôpital, pourquoi ce pays a-t-il particulièrement besoin d’aide médicale ?
La santé est un des premiers enjeux du développement dans ce pays de près de 9 millions d’habitants encore classé, en 2020, au 167ème rang mondial en termes d’Indice de développement humain (IDH). La géographie particulière du Togo, qui s’étire sur 580 km entre le golfe de Guinée et le sud sahélien du Burkina Faso, conduit le gouvernement à faire des efforts particuliers pour désenclaver certaines régions peu desservies. C’est le cas d’Elavagnon, située au centre-est, dans la région des plateaux. Il est certain que le renforcement des systèmes de santé nationaux requiert un effort qui pèse lourdement sur les capacités financières du pays. Au-delà des infrastructures hospitalières et de leur entretien, c’est toute la question de la formation adéquate des personnels médicaux et administratifs qui est posée ; c’est aussi la question du maillage territorial, du transport sanitaire, de la qualité des équipements que l’État et les partenaires du secteur privé et caritatif doivent prendre en compte dans un contexte budgétaire très contraint et une situation internationale dégradée, aggravée par la pandémie du Covid 19.
Comment fonctionne l’hôpital d’Elavagnon ouvert en 1981 ? Quels sont les services proposés ?
L’hôpital d’Elavagnon, hôpital public géré par une institution privée, est un des principaux employeurs de la région. Aujourd’hui il est dirigé par un jeune directeur français entreprenant, avec 13 752 consultations par an pour 90 lits. L’hôpital intervient en chirurgie, pédiatrie, médecine, maternité, s’appuyant sur 139 personnels, et un budget total de 1060 KF dont 377 KF de subventions de l’Ordre de Malte France, il offre des comptes à l’équilibre. Ainsi, l’hôpital contribue activement à ce maillage territorial sanitaire qui permet aux populations d’avoir accès en différents points du territoire à des niveaux de soins adaptés, sans que la pénurie d’offre ne vienne, comme dans d’autres pays du continent africain, contraindre les malades à affluer vers la capitale.
L’hôpital a un besoin de renforcement en ressources humaines, en quoi consiste le projet d’internat soutenu par la Fondation ?
L’internat est un beau projet qui doit beaucoup à la Fondation française de l’Ordre de Malte et à son président, Jean-Pierre Mazery. D’emblée, il a saisi le caractère catalyseur de cette idée et a accepté de la soutenir financièrement. Concrètement, il s’agit de construire dans l’enceinte de l’hôpital un bâtiment comprenant huit studios et une salle commune qui pourront accueillir dans les meilleures conditions des personnels médicaux, notamment des internes, qui viendront assurer leur formation à l’hôpital en même temps qu’ils apporteront à notre corps médical un renfort très précieux. C’est donc un projet cohérent, pragmatique, et typiquement « gagnant-gagnant ».
Avez-vous d’autres projets pour cet hôpital au Togo ?
L’hôpital d’Elavagnon de l’Ordre de Malte a un véritable sens et pas seulement pour voir flotter le drapeau de l’Ordre dans un pays ami. Lorsque j’ai récemment été reçu à Lomé par Son Excellence le Président de la République, M. Faure Ngassingbe, j’ai été frappé de l’importance qu’il accordait à la télémédecine et plus largement aux technologies de la communication appliquées à la médecine. Il y a là devant nous un immense chantier, déjà ouvert d’ailleurs en ce qui nous concerne en matière de diagnostic à distance de pathologies dermatologiques. Je me réjouis que l’hôpital de l’Ordre de Malte soit déjà actif sur ce front, qui est un nouvel horizon pour la médecine africaine en général, et je suis bien convaincu que nous avons au Togo, à Elavagnon en particulier, la possibilité de montrer encore la voie en innovant dans de nouveaux champs de spécialité au bénéfice de nos Seigneurs les malades.