La malnutrition en Afrique n’est pas seulement liée au manque de nourriture mais aussi à un déséquilibre multifactoriel qui combine pauvreté, inégalités, crises climatiques, conflits, maladies et défaillances systémiques. La malnutrition ne se limite pas à la sous-alimentation : elle comprend également les carences en micronutriments essentiels (fer, vitamine A, iode, zinc), la dénutrition sévère (amaigrissement extrême) et la suralimentation déséquilibrée dans certaines zones urbaines pauvres.
Agir, c’est reconnaître l’urgence d’une approche globale et multidimensionnelle. Il ne suffit pas de distribuer des denrées alimentaires, des enjeux d’ampleur sont à prendre en compte comme l’accès à l’eau potable, assainissement, éducation nutritionnelle, la sécurité alimentaire, les soins de santé, le soutien aux mères allaitantes, etc.
La Fondation Française de l’Ordre de Malte soutient des programmes au sein de centres de santé dans plusieurs pays d’Afrique pour détecter précocement les cas de malnutrition, fournir des compléments alimentaires et sensibiliser les familles.
Il est essentiel de mettre en place des dispositifs en particulier pour les enfants de moins de 5 ans car c’est à cette période que se jouent les bases du développement physique et cognitif. Cela passe par le renforcement des systèmes de santé communautaires, l’accès à une alimentation diversifiée et locale, la lutte contre les maladies diarrhéiques et la promotion de pratiques alimentaires saines.
Comprendre, agir et prévenir la malnutrition induit donc un engagement sur le long terme comme le fait l’Ordre de Malte dans ses nombreux établissements de santé au service des plus démunis.
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Quelle est la réalité de la malnutrition en Afrique ?
Selon les dernières données du Programme Alimentaire Mondial (PAM) et de l’UNICEF, des millions d’enfants africains souffrent de malnutrition chronique ou aiguë. En Afrique subsaharienne, plus de 30 % des enfants de moins de 5 ans présentent un retard de croissance lié à la malnutrition, et environ 10 % souffrent d’émaciation visible du fait d’une maigreur extrême. La situation varie selon les pays, des régions entières comme le Sahel, la Corne de l’Afrique ou certaines zones du bassin du Congo sont particulièrement touchées. Les formes y sont diverses : malnutrition chronique due à une alimentation pauvre sur le long terme ; malnutrition aiguë sévère, souvent causée par des crises humanitaires ; ou encore carences multiples qui affaiblissent l’immunité et ralentissent le développement intellectuel des enfants.
La malnutrition affaiblit considérablement les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes. Le manque de nutriments pendant la grossesse affecte directement la santé du fœtus, entraînant des naissances prématurées, des poids faibles à la naissance, et des complications périnatales.
La Fondation Française de l’Ordre de Malte apporte donc un appui important à des dispositifs en faveur des plus fragiles via des programmes de suivi nutritionnel et des actions en lien avec les structures de santé communautaires sur le long terme notamment au Togo, Bénin, Cameroun, en Mauritanie, à Madagascar.
Un fléau chronique qui touche des millions d’enfants
La malnutrition en Afrique est un fléau profondément enraciné, qui impacte chaque année des millions d’enfants, de manière souvent invisible. Selon l’UNICEF, près de 45 millions d’enfants dans le monde souffrent de malnutrition aiguë sévère dont une grande majorité vit en Afrique.
La forme la plus courante est le retard de croissance, un signe qui touche environ un enfant africain sur trois. Ces enfants grandissent moins vite, sont plus sujets aux infections, ont des performances cognitives réduites, et restent désavantagés tout au long de leur vie. La malnutrition dans la petite enfance compromet la scolarité, le développement cérébral, l’activité physique et de fait l’insertion future dans la société.
Les cas les plus graves se traduisent par l’émaciation, une réduction du poids corporel d’un individu, en dessous de 80 % du poids normal. Elle peut rapidement mener à la mort sans prise en charge. Cette situation est pourtant évitable dans la majorité des cas, à condition d’intervenir à temps. C’est pourquoi les campagnes de dépistage communautaire, la formation des mères à la nutrition infantile et les distributions ciblées d’aliments thérapeutiques sont cruciales.
La Fondation Française de l’Ordre de Malte, en soutenant des structures sanitaires de proximité, contribue à la détection et la gestion des cas de malnutrition infantile, avec des actions qui s’inscrivent dans une logique de soins continus, de prévention et de réhabilitation nutritionnelle.
Des situations aggravées par les conflits, le climat et la pauvreté
Les crises alimentaires en Afrique sont rarement isolées : elles sont généralement le résultat d’une combinaison de facteurs comme les conflits armés, les dérèglements climatiques, la pauvreté structurelle.
Les conflits armés, qu’ils soient localisés (groupes armés, guerres civiles) ou transfrontaliers, ont un impact direct sur la sécurité alimentaire. Ils déplacent des milliers de familles, détruisent les infrastructures agricoles, perturbent les marchés et limitent l’accès humanitaire. Les populations déplacées se retrouvent alors sans moyens de subsistance, dépendant de l’aide internationale.
Le changement climatique, quant à lui, provoque des sécheresses prolongées, des inondations, des pertes de récoltes et des épisodes de famine. Des régions comme le Sahel ou la Corne de l’Afrique subissent une pression climatique extrême, avec une alternance entre sécheresse et inondation qui rend toute agriculture de subsistance incertaine.
La pauvreté empêche les familles de diversifier leur alimentation, d’accéder aux soins ou d’acheter des produits nutritifs. Cette pauvreté, renforcée par les inégalités économiques et l’absence de politiques sociales efficaces, enferme des générations entières dans un cercle vicieux de malnutrition.
Les défis sont majeurs pour les pays concernés par la malnutrition : soutien à l’agriculture familiale, formation des personnels de santé, accès à l’eau potable, sensibilisation aux pratiques alimentaires locales. Il est nécessaire de pouvoir stabiliser durablement les communautés les plus impactées.
Quelles sont les causes principales de la malnutrition ?
La malnutrition en Afrique est causée par un enchevêtrement de facteurs biologiques, sociaux, économiques et environnementaux. Ce phénomène ne peut être traité efficacement qu’en agissant sur plusieurs niveaux à la fois. L’une des principales causes est l’insécurité alimentaire est qu’une grande partie des familles peine à se procurer une alimentation suffisante, régulière et équilibrée. Dans de nombreuses régions du continent, la nourriture disponible est peu diversifiée : le régime alimentaire repose souvent sur des céréales (mil, sorgho, maïs), avec peu de légumes, de fruits ou de protéines animales. Une pénurie nutritionnelle engendre des carences majeures en fer, en calcium, en vitamine A, etc.
Une autre cause principale est l’insuffisance des soins de santé. Les enfants souffrent de malnutrition suite à des maladies courantes comme la diarrhée, la rougeole ou les infections respiratoires, qui sont mal soignées ou ne sont pas traitées. Ces maladies réduisent l’absorption des nutriments et aggravent rapidement l’état de santé de l’enfant.
Les pratiques alimentaires et culturelles jouent également un rôle. Le sevrage précoce, l’allaitement inadéquat, ou l’introduction tardive d’aliments solides nuisent au bon développement des jeunes enfants. Il arrive aussi que les croyances erronées ou les tabous alimentaires freinent les mères à apporter l’alimentation attendue à leurs enfants.
La Fondation Française de l’Ordre de Malte soutient une approche intégrée pour agir sur ces différents fronts, en soutenant à la fois la nutrition, les soins de santé primaires, la sensibilisation communautaire et briser durablement le cycle de la malnutrition.
Insécurité alimentaire, manque d’eau potable, soins insuffisants
Insécurité alimentaire, manque d’eau potable et soins de santé insuffisants, sont les piliers structurels de la crise nutritionnelle en Afrique. Leur impact cumulé affaiblit les capacités de survie des enfants et des familles les plus pauvres. L’insécurité alimentaire se manifeste par l’incapacité de millions de foyers à accéder régulièrement à des denrées en quantité suffisante.
Cette précarité est accentuée par l’inflation des prix, la dépendance aux importations, les catastrophes naturelles ou les conflits. Les populations rurales, sans réserve de nourriture ni revenus stables, en sont les premières victimes. Dans les zones agricoles, la mauvaise conservation des récoltes ou l’absence de marchés accessibles rendent l’autosuffisance difficile.
Le manque d’eau potable aggrave la malnutrition de manière indirecte mais déterminante. L’eau contaminée est à l’origine de nombreuses maladies diarrhéiques, qui appauvrissent l’organisme en nutriments. L’absence d’eau propre pour cuisiner, se laver ou préparer les biberons compromet aussi les pratiques d’hygiène alimentaire. Les enfants déshydratés ou infectés n’assimilent plus correctement les nutriments, ce qui les expose rapidement à des formes sévères de malnutrition.
Dans certaines zones rurales, il n’existe ni centre de santé fonctionnel, ni personnel qualifié, ni médicaments de base. Les enfants souffrant de malnutrition aiguë ne peuvent pas être traités à temps. L’absence de vaccination ou de suivi médical régulier accroît également les risques d’infections aggravantes.
C’est pourquoi la Fondation Française de l’Ordre de Malte, en partenariat avec les acteurs locaux, s’efforce de soutenir des actions dans de nombreux pays d’Afrique pour renforcer les systèmes de santé communautaires et sensibiliser les populations au dépistage précoce des signes de malnutrition dans des établissements de santé.
Carences nutritionnelles dès la petite enfance
La petite enfance, notamment la période des 1 000 premiers jours (de la conception aux deux ans de l’enfant), est une phase cruciale pour le développement physique, cérébral et immunitaire. Une carence nutritionnelle durant cette période peut avoir des effets irréversibles sur la croissance de l’enfant et sa santé. Les carences les plus courantes en Afrique sont celles en fer, zinc, vitamine A, iode et protéines de bonne qualité. Elles entraînent un affaiblissement du système immunitaire, une plus grande susceptibilité aux infections, des retards psychomoteurs et, dans les cas les plus graves, des handicaps mentaux ou physiques.
Beaucoup de nourrissons ne sont pas forcément bien nourris dès leur naissance car leur mère a été elle-même sous-alimentée pendant la grossesse. Elle n’a pas pu leur transmettre suffisamment de réserves. Le passage aux aliments solides, qui devrait se faire progressivement à partir de six mois, n’est en outre pas toujours réalisé : les repas sont peu fréquents, pauvres en protéines, ou préparés dans de mauvaises conditions d’hygiène. Des organismes caritatifs comme l’Ordre de Malte œuvrent sur le terrain pour développer des programmes de prévention en coordination avec des acteurs locaux dans des centres de santé maternels. Sont ainsi réalisés des dépistages systématiques de la malnutrition infantile, des formations aux pratiques nutritionnelles, des distributions de micronutriments, un soutien à l’allaitement, etc. L’objectif est d’agir dès les premières semaines de vie, où se joue l’avenir de la santé de millions d’enfants africains.
Quelles sont les conséquences sur les populations ?
Les conséquences de la malnutrition sur les populations africaines sont profondes, durables et multidimensionnelles. Elles touchent l’individu comme l’ensemble du tissu social, économique et sanitaire. Sur le plan individuel, la malnutrition entraîne des retards de croissance, une immunité affaiblie, des troubles cognitifs et un accroissement du risque de mortalité. Les enfants malnutris ont plus de mal à réussir à l’école, à résister aux infections, et sont plus exposés à des maladies récurrentes à l’âge adulte. Les femmes malnutries, quant à elles, ont des grossesses plus à risque et donnent naissance à des bébés fragiles.
Au niveau collectif, la malnutrition a des répercussions économiques majeures : elle freine la productivité, accroît les dépenses de santé, affaiblit le capital humain. Selon la Banque mondiale, la malnutrition pourrait coûter à un pays africain jusqu’à 11 % de son PIB, en raison des pertes de productivité et des soins supplémentaires nécessaires.
La malnutrition est aussi un facteur de vulnérabilité sociale et politique. Dans les régions fortement touchées, elle exacerbe les tensions liées à l’accès aux ressources, déstabilise les communautés, et complique la reconstruction après des crises ou des conflits.
Retards de croissance, vulnérabilité au mal
Le retard de croissance est l’une des conséquences les plus visibles et les plus graves de la malnutrition infantile en Afrique. Il touche des millions d’enfants, en particulier dans les zones rurales ou dans les contextes de grande pauvreté. Ce retard, aussi appelé malnutrition chronique, ne signifie pas seulement que l’enfant est plus petit que son âge : c’est le signe biologique d’un développement compromis qui affecte à la fois le corps et le cerveau.
Les enfants souffrant de retard de croissance présentent souvent une stature inférieure à la moyenne, mais aussi une faiblesse musculaire, une fatigue, des troubles de l’apprentissage, une capacité de concentration réduite et une immunité affaiblie. Un enfant malnutri est beaucoup plus vulnérable aux maladies infectieuses, notamment la diarrhée, la pneumonie, le paludisme ou la rougeole. Une infection bénigne peut rapidement devenir fatale lorsque l’organisme est affaibli par un déficit en nutriments essentiels.
Cette vulnérabilité se prolonge bien au-delà de l’enfance. Des études montrent que les enfants souffrant de retards de croissance ont moins de chances de terminer leur scolarité, d’accéder à un emploi stable, ou de sortir du cycle de la pauvreté. Sur le long terme, ces carences laissent des traces permanentes dans le développement cognitif et neurologique. Il s’agit souvent d’une conséquence silencieuse, car les enfants ne semblent pas « malades » dans l’immédiat, ce qui retarde les diagnostics et l’intervention. Ainsi, lutter contre les retards de croissance, c’est non seulement sauver des vies, mais aussi redonner une chance à des millions d’enfants de se développer pleinement et de contribuer activement à la reconstruction de leur pays.
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