Le témoignage de Douha Al Maari, syrienne et réfugiée politique en France accompagnée depuis plusieurs années par l’association catholique soutenue par la Fondation Française de l’Ordre de Malte.
« En Syrie, quand la terreur était ma nourriture, ma liqueur, et ma maison une menace de mort ; quand il n’y avait plus d’espoir, alors mon âme et mon corps étaient habités par toutes les peurs.
Quand je voyais mes rêves s’évanouir, mes arbres et mes fleurs périr par l’absence d’eau, je mourrais avec eux cent fois par jour.
Quand je voyais des enfants mourir de faim, quand je ne pouvais plus voir les miens car ils étaient partis à l’étranger se mettre à l’abri, quand je n’avais plus le droit de vivre humainement, encore moins en tant que femme, quand personne ne pouvait se côtoyer tranquillement ensemble, les kurdes, les musulmans, les chrétiens, les alaouites, les druzes ; quand des prisonniers mouraient sous la torture, alors je me disais : dans mon pays, la Syrie, le bleu du ciel s’était transformé en nuages d’armes chimiques, en une pluie de bombes et de barils d’explosifs qui tombaient sur nos têtes tous les jours, arrosant ainsi la terre assoiffée de sang et de terreur.
Je ne sentais plus le soleil chauffer mon cœur mais je voyais les kalachnikovs se diriger vers moi, mes proches, et tous ceux que j’aime.
Je grelottais de froid en me remémorant mes amours, mes enfants, mes parents, mes sœurs et mes amis. La destruction était totale autour de moi : maisons, âmes et corps, tous disparus au profit de la terreur, de la guerre et de la dictature ! N’ayant plus le choix, j’ai eu la chance de pouvoir quitter cet enfer ! »
Les « Champs de Booz » ont rencontré Douha, en 2015, quelques semaines après son arrivée en France. L’association l’a soutenue dans ses démarches auprès de la Préfecture et différentes administrations. Elle lui a procuré des vêtements, l’a aidée financièrement et l’a hébergée pendant un an dans un studio. Elle la loge encore actuellement dans un « appartement passerelle ». Portée par 23 congrégations, « Champs de Booz » créée en 2003 aide ainsi les femmes seules qu’elles soient réfugiées, demandeuses d’asile, isolées, en cours de régularisation et d’insertion.
Douha a ensuite été bénévole de l’Association, notamment en y montant un atelier de couture. En 2019, elle a pu créer son auto-entreprise de traiteur ce qui lui a permis de devenir autonome. Une véritable reconversion pour celle qui était guide touristique dans son pays d’origine.
« Je suis à présent en France pour toi Marianne, pour la Liberté, pour la Paix, pour l’Espérance, pour le respect de la Vie, tout simplement ! Pour ainsi retrouver la sérénité, et réaliser mes rêves et espoirs perdus. J’espère pouvoir me stabiliser en mettant un terme à cet éternel exil, en devenant française et ainsi être enfin chez moi. Enfin, du fond du cœur, merci aux « Champs de Booz » pour tout ce que cette association a fait pour moi ; elle est mon adorable deuxième famille. »
Un parcours émouvant que Douha Al Maari partage d’ailleurs dans un livre co-écrit « La rebelle d’Alep » (Editions Albin Michel), avec Tristane de Choiseul présidente des « Champs de Booz ».
La Fondation Française de l’Ordre de Malte soutient le financement des missions de cette association.