Dans le cadre de la lutte contre le handicap social, la Fondation a financé deux années consécutives, le cycle d’étude paramédical (diplôme d’État de psychomotricien) d’une jeune étudiante en difficulté.
Le travail du psychomotricien vise à rééduquer les personnes confrontées à des difficultés psychologiques vécues et exprimées de façon corporelle, en agissant sur leurs fonctions psychomotrices.
Il traite des troubles du mouvement et du geste dont peuvent souffrir les enfants, les adolescents, les adultes et personnes âgées :
- bégaiement,
- tic,
- trouble de l’orientation et du comportement.
Le psychomotricien sera amené à travailler surtout dans le domaine de l’enfance ou de l’adolescence inadaptée, dans des centres spécialisés, des établissements hospitaliers, des services médico-pédagogiques ou des hôpitaux psychiatriques.
Les missions du psychomotricien
La principale mission d’un psychomotricien est de dispenser des séances de rééducation visant la suppression du handicap.
Il fait ainsi faire des exercices physiques bien précis, soignant son patient via l’éducation gestuelle, l’expression corporelle, des jeux ou encore des activités de coordination.
Pour que la thérapie soit efficace, le psychomotricien motive son patient dans la pratique des exercices de rééducation grâce à une relation de confiance.
Le profil pour mener à bien le travail de psychomotricien
- L’attention est la première qualité souhaitable pour pratiquer le métier de psychomotricien. Des notions en psychologie sont souhaitables pour pouvoir créer un climat de confiance entre lui et son patient.
- Le dynamisme constitue un atout chez le psychomotricien dans la mesure où l’une de ses tâches consiste à inviter ses patients à effectuer les mêmes mouvements durant les séances de rééducation.
- Enfin, ce métier nécessite de la patience en tout temps, surtout avec les cas difficiles nécessitant un travail de plus longue haleine.
Pluridisciplinarité
Il est important de comprendre que le psychomotricien ne travaille jamais seul. Il exerce en complémentarité avec les autres professionnels paramédicaux, médicaux et sociaux (orthophonistes, psychologues, médecins, éducateurs spécialisés, assistante sociale etc.) C’est cette pluridisciplinarité qui permet une prise en charge qui soit la plus globale et personnalisée possible. Le psychomotricien est souvent amené à travailler en équipe en tant que salarié. Environ 26 000 psychomotriciens exercent en France actuellement.
Histoire de la psychomotricité
Le xxe siècle, dit siècle de l’enfant, est marqué par l’obligation scolaire de 1880. C’est ainsi qu’Alfred Binet, créateur du premier laboratoire de psychologie de l’enfant, met en place son célèbre test à la suite d’une demande de procédure de régulation des enfants attardés à l’école. À la même époque, Philippe Tissié utilise des méthodes qui s’apparentent à des gymnastiques médicales pour développer la volonté. Une pratique susceptible de lui conférer le rôle de grand-père paternel de la psychomotricité. Un autre précurseur, Édouard Guilmain, dans les années 1935, trouve son argumentation dans la hiérarchisation des types d’activités. Ce dernier peut être considéré comme le père spirituel de Julian de Ajuriaguerra.
De la seconde guerre mondiale à 1976
L’évolution de la compréhension du monde de l’enfance et de sa prise en charge par la société, à partir de la Seconde Guerre mondiale, permet de saisir comment, naturellement, la psychiatrie va donner ses lettres de noblesse à la psychomotricité. Celles-ci vont s’écrire notamment sous la plume de Julian de Ajuriaguerra. Ce dernier va mettre en place des techniques innovantes à l’hôpital Henri-Rousselle, à Sainte-Anne, à Paris, et des approches corporelles pour aider les enfants dès 1947. Son équipe de recherche est composée de Suzanne Borel-Maisonny, de Nadine Gallifret-Granjon, de Mira Stamback, de René Zazzo, entre autres. En 1976 il est professeur au Collège de France et inaugure un enseignement de psychobiologie du nourrisson.
Acte fondateur de la psychomotricité
Une fameuse contribution, en 1959, va constituer l’acte fondateur de la psychomotricité. Julian de Ajuriaguerra isole et définit les troubles psychomoteurs en intégrant les apports de la neuropsychiatrie (Dupré), de la psychologie génétique (Wallon), de la phénoménologie (Merleau-Ponty) et de la psychanalyse (Freud). Il insiste sur la nécessaire introduction de la notion de schéma corporel et d’organisation spatio-temporelle de la réalisation gestuelle.
Julian de Ajuriaguerra délègue le traitement de ces troubles psychomoteurs à des techniciens. Gisèle Bonvalot-Soubiran, coauteur de ce texte de 1959, une des premières kinésithérapeutes, présente avec lui les thérapeutiques psychomotrices envisagées.
Une approche corporelle qui utilise le rythme
Pendant ce temps, Georges Heuyer dans son service de Necker-Enfants malades, confie à une danseuse classique, Mme Wiedman, une approche corporelle qui utilise le rythme. Devant des résultats satisfaisants, il adjoint une psychologue musicienne et pianiste, Marguerite Degh et suggère à Jean Dublineau d’étudier le conditionnement. Il développe cette activité en arrivant à la Salpêtrière.
Léon Michaux, successeur d’Heuyer à la Salpêtrière, propose de former des psychomotriciens. En 1963 un certificat de capacité en rééducation psychomotrice d’une durée d’un an se met en place. Didier-Jacques Duché, qui succède à Michaux, continue d’œuvrer à la formation des psychomotriciens. La réforme des universités de 1970 met en place des unités de formation et de recherche (UFR) dont certaines dispensent un enseignement de psychomotricité. Pendant cette période, Gisèle Bonvalot-Soubiran met sur pied un enseignement privé de la psychomotricité à Paris, Bordeaux et Nice.
Création du diplôme d’État
En 1972, Jacques Chaban-Delmas propose la création d’un diplôme d’État de rééducateur en psychomotricité. Pierre Mesmer, en 1974, alors Premier ministre, crée le diplôme d’État de niveau III, c’est-à-dire reconnu comme bac + 3.
Sources