Article paru sur le site Aleteia le 06/06/2019 par Agnès Pinard Legry
Chaque année, plusieurs centaines de milliers de visiteurs se rendent à Sainte-Mère-Église, première commune de France libérée le 6 juin 1944 lors de la bataille de Normandie. Un formidable élan mémoriel qui pourrait aussi se mettre « au service de la construction de la paix ». D’ici deux ans, le village devrait héberger la « Grange de la paix », un lieu mêlant transmission de l’histoire, éducation à la sagesse et initiation spirituelle.
Tout le monde a en tête l’image de ce parachutiste américain resté accroché au toit de l’église de Sainte-Mère dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Au-delà de l’anecdote, c’est bien l’Histoire qui a pris place dans les rues de cette petite commune normande. Ambassadrice française des anciens de la 82e Airborne qui ont sauté sur le village dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, Francine Noyon est à sa manière une passeuse d’histoire. Et de paix aussi. Depuis quelques années elle fait en effet partie du comité de pilotage de la « Grange de la Paix ». « Je me souviens que Mgr Lalanne, alors évêque du diocèse de Coutances et Avranches, était frappé par le nombre de personnes, adultes et enfants, qui se rendaient à Sainte-Mère-Église pour les commémorations du 6 juin 1944. Il souhaitait que cette mobilisation puisse également servir la Paix », confie-t-elle à Aleteia. C’est ainsi que s’est créée en 2012, une communauté regroupant des religieuses de différentes nationalités qui, aidées d’une quinzaine de bénévoles, accueillent chaque année des milliers de touristes dans l’église de Sainte-Mère-Église.
Installée dans une maison qu’elles ont baptisé « Maison de la Paix », elles organisent également des ateliers notamment à destination des enfants pour sensibiliser à l’importance de relations fraternelles et apaisées. « Chaque année se sont des milliers de visiteurs qui débarquent ici. Pour les accueillir au mieux nous avons décidé, avec le soutien du diocèse de racheter une grange et d’en faire un lieu de sensibilisation et d’éducation à la paix », détaille Francine Noyon.
Concrètement, l’objectif est de faire de la Grange de la paix « un lieu incontournable du parcours Normandie 44 » en proposant à chaque visiteur de s’interroger sur ce que signifie la Paix. « Cela passera par une exposition, des ateliers, des conférences, une projection de films… » explique la responsable. 600.000 euros doivent encore être récoltés pour que le projet puisse voir le jour. « Nous avons créé la fondation Sainte-Mère-Église, abritée par la fondation de l’Ordre de Malte pour faciliter les dons, notamment de la part des étrangers en visite ici ». La première pierre de la grange sera symboliquement posée mi-juin.
« Relire l’histoire pour comprendre les enjeux d’aujourd’hui »
« J’assistais il y a quelques jours à une cérémonie avec des vétérans américains. Bien entendu, la réconciliation est faite mais la paix n’est jamais acquise », confie Francine Noyon. « Notre pays a souffert de la guerre. Cette histoire doit nourrir nos réflexions pour tirer les leçons du passé. Cette grange, qui sera bien entendu reliée aux musées environnants, a pour vocation d’aider les visiteurs, notamment les plus jeunes, à relire l’histoire pour comprendre les enjeux d’aujourd’hui. »