Les Champs de Booz : la Fondation s’engage pour les femmes isolées et démunies

Particulièrement sensible à la détresse des femmes seules, demandeuses d’asile, venues en France pour échapper aux violences et tortures dont elles ont été victimes dans leur pays d’origine, l’association des Champs de Booz, créée par deux congrégations “Notre Dame de Charité” et “Le Bon Pasteur” s’est donnée pour mission de les accueillir avec humanité et simplicité, en leur offrant une écoute bienveillante et la possibilité de s’exprimer librement.

Depuis plusieurs années, la Fondation vient en aide à ces femmes. Uniquement animée de bénévoles, l’association subit durement les conséquences de la pandémie du Covid-19.

En effet, l’hébergement des 29 femmes prises en charge se voit menacé, avec pour conséquence directe le retour à la rue pour certaines d’entre elles si les dons continuent de s’amenuiser.

Très attachée à la dignité des personnes et plus particulièrement à celles des femmes, la Fondation, dans le cadre de ses missions d’aide et d’assistance envers celles et ceux qui n’ont plus rien, a donc décidé de verser une subvention importante afin de les aider à vivre décemment et continuer leur projet pérenne d’insertion.

Interview de Madame le Docteur Tristane de Choiseul, Présidente de l’association Les Champs de Booz

Pouvez-vous nous raconter l’histoire de votre association Les Champs de Booz ?

Tristane de Choiseul : Dans les années 2000, deux religieuses (Congrégations du Bon Pasteur et de Notre Dame de Charité) ont constaté, lors de leur travail auprès des migrants, que les femmes seules étaient souvent laissées pour compte et n’avaient aucun refuge. La priorité étant donnée aux familles et aux hommes. C’est la raison pour laquelle, avec l’aide de 21 autres Congrégations de religieuses, elles ont décidé de créer une association spécifique pour femmes seules demandeuses d’asile en 2003 : Les Champs de Booz. Le nom des Champs de Booz fait référence au livre de Ruth dans l’Ancien Testament qui aborde l’accueil de l’étrangère.

Comment fonctionne l’association ?

L’association n’a aucun salarié et n’a donc que peu de frais de fonctionnement.
Elle est formée de 16 à 19 bénévoles femmes et 1 homme. Aujourd’hui, elle est gérée par des laïcs et des religieuses, conformément à ce que souhaitaient ces dernières.
De plus, neuf bénévoles de deux paroisses parisiennes, « La croisée des chemins » de St Jean Bosco dans le 20e et St Lambert dans le 15e , accompagnent de façon très complémentaire et remarquable quelques femmes confiées par Les Champs de Booz.
Les femmes arrivent par bouche à oreille ou par d’autres associations pour demander de l’aide.

Qui sont les femmes accueillies par l’association ?

Le profil des femmes accueillies est très divers. Autour de 200 femmes, d’âge moyen de 25 à 30 ans, ces femmes sont de tout niveau social : de diplômées universitaires à des analphabètes. Actuellement, la moitié sont des Tibétaines, grâce à un accord entre le HCR (Haut Commissariat aux Réfugiés) et l’Etat français ; mais aussi des Africaines (Cameroun, Niger, Guinée, RDC…) et enfin des femmes venant du Proche Orient (Syrie, d’Afghanistan…). Certaines parlent français, d’autres non.
Elles arrivent en France pour des raisons politiques ou personnelles dues à leurs conditions féminines (guerres, révolutions, racisme, discrimination religieuse, excision, mariage forcée, orientations sexuelles…). Toutes ont subi des violences ayant entrainé des séquelles physiques et psychologiques. Elles ont quitté leur pays par obligation parce que leurs vies étaient en danger.

Quelles sont les actions menées auprès de ces femmes ?

A son arrivée aux Champs de Booz, la femme est accueillie par deux bénévoles qui vont la recevoir pour un entretien personnel afin de l’écouter, discerner ses vrais besoins, lui apporter un soutien moral et médical si nécessaire. Leurs actions dispensent un large champ de besoins pour leur réinsertion dans une vie active et autonome :

    • Accompagnement dans ses démarches administratives liées à la demande d’asile, l’obtention de papiers à la Préfecture, etc…
    • Fourniture de vêtements (vestiaire)
    • Assurance qu’elle mange à sa faim par le biais des Resto du cœur, d’une épicerie solidaire, etc
    • Proposition de Cours de Français dispensés par une bénévole ; ou la diriger vers un apprentissage FLE (français – langue étrangère)
    • Don d’argent quand elle est très démunie
    • Grande sortie culturelle annuelle
    • Visites de Paris
    • Consultation médicale et suivi psychologique (beaucoup souffrent d’un psycho-trauma)

L’hébergement est le socle d’aide de l’association. Les Champs de Booz dispose de 26 lits, dispersés dans des appartements meublés en Ile de France, mis à leur disposition pendant un an. Enfin, un endroit où ces femmes peuvent reprendre leur vie et projet en faisant la paix avec leur passé. Ainsi que deux lits en « appartement passerelle » sont disponible pendant deux ans pour des femmes ayant un projet précis, débouchant sur un métier.

Une petite contrepartie financière leur est demandée. L’idée est de les habituer à ce que tout ne soit pas « gratuit ». Les aider, oui ; les assister, non !

Un parcours en particulier vous a marqué au sein de votre association ?

Je vous cite un témoignage d’une femme très courageuse :
« J’ai fui la Guinée après avoir été emprisonnée et violée pour mon appartenance au parti d’opposition et j’ai dû laisser mes enfants et abandonner mes études d’économie. Ma prise en charge par Les Champs de Booz m’a permis d’être logée pendant un an, puis grâce à La Croisée des Chemins, je peux financer le loyer d’une petite chambre chez des particuliers. Cela va me permettre de continuer mes études d’Economie à Nanterre. Je suis actuellement en 2e année d’un master et espère pouvoir mener à terme ce cursus. »

Quels sont les projets que votre association souhaiterait développer ?

Le but premier de cette association au-delà de son aide morale, culturelle et financière est de permettre à ces femmes de gagner en autonomie afin d’être préparées à leur future vie. Mais la difficulté réside dans l’absence de logement social (plus de 10 ans d’attente à Paris) ou à des prix raisonnables. Egalement, en réalité, il leur faudrait en moyenne 4 à 5 ans pour qu’elles puissent s’insérer et devenir totalement autonomes…

L’objectif des Champs de Booz sur le long terme serait donc d’obtenir des financements de logements passerelles, d’hébergements, de formations gratuites et quelques logements « classiques » pour une durée de deux ou trois ans.

« Cette union de nos forces est indispensable
pour faire face à un monde de plus en plus touché par la maladie,
la pauvreté, les conflits armés et les catastrophes naturelles.
J’adresse à toutes et à tous un très grand merci pour votre aide et votre soutien. »

Jean-Pierre MAZERY, Président de la Fondation Française de l’Ordre de Malte

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